Pour avoir une chance de bien finir, il est essentiel de bien commencer. Pour cela, parlons du matériau bois :
Le choix du bois est fondamental : son essence, sa qualité, son degré d’hygrométrie, sa densité sont des paramètres essentiels. Le choix de l’essence est fonction de la destination du produit fini. Intérieur ou extérieur, meubles, aménagements divers, petits objets : chaque éventualité impose des critères d’aspect, de résistance, de densité…
Il arrive souvent que le tourneur cherche à mettre en avant les caractéristiques particulières d’un morceau de bois glané ou arrivé dans son atelier par des voies diverses. Se pose alors souvent la question : quel est ce bois ?
L’arbre

Les feuillus
- Le chêne : à tout seigneur… Bois dense et lourd, à structure hétérogène, de coloration brun jaune, il présente un maillage caractéristique. Réputé pour sa robustesse et sa durabilité, il a été employé en charpente, en tonnellerie (les merrains), en construction navale, en mobilier. Il se teinte facilement, et se prête particulièrement à une finition cirée en raison de sa structure.
- Le châtaigner : appelé parfois chêne du pauvre, il est de couleur nettement plus jaune. Souvent utilisée en parquet, en meubles, on peut le fendre très facilement ce qui explique qu’il a souvent été utilisé en couverture sous le nom de bardeau.
- Le hêtre : clair, légèrement rosé, très homogène et peu sujet à la déformation. Il présente en surface de petits grains marron répartis irrégulièrement. C’est l’essence la plus répandue en France après le chêne. Il est utilisé en menuiserie, en agencement intérieur, en parquet et dans la fabrication de sièges.
- Le robinier : ou faux acacia, importé d’Amérique par Robin, jardinier du roi au début du XVIIe siècle. Dense et lourd, il est de couleur jaune verdâtre. De nature très expansive, il a été utilisé pour faire des piquets, des manches d’outils, des barreaux d’échelle. Pratiquement imputrescible, il a tendance actuellement à remplacer le teck dans la confection de mobilier extérieur.
- Le merisier : sa teinte varie du jaune miel au rouge pâle, il présente en surface des stries et un flammage, ce qui en fait un bois de choix pour la fabrication de meubles. Il prend facilement la teinte, le vernis et la cire lui constituent une finition particulièrement adaptée. On trouve sur le marché du merisier « américain », dont la structure et la teinte sont moins intéressantes.
- Le noyer : parfois appelé acajou d’Europe, l’aubier jaune fauve, le cœur brun, agrémenté de veines marron ou noires, c’est le bois le plus recherché par les fabricants de meubles. Le pied et la fourche sont particulièrement intéressants, un noyer ne se coupe pas, il s’arrache. C’est la, à la naissance des racines, que se trouve une partie très importante : la ronce. Le fut présente parfois des loupes qui sont très recherchées en placage.
- Le frêne : blanc nacré, fil droit, sans aubier distinct. Lorsque le cœur est veiné de noir, il prend le nom de frêne olivier. Il fait d’excellents manches d’outils, et est actuellement très recherché dans la fabrication de meubles contemporains.
- L’olivier : d’un grain très fin, aux couleurs variables et indescriptibles il est très utilisé pour les objets à usage alimentaire ou utilitaires. C’est un favori des tourneurs.
- Le poirier : dense, rosé à aubier blanc, il peut prendre des couleurs allant de l’orangé au brun rouge selon la nature du sol sur lequel il a poussé. Son grain serré et régulier l’a fait utiliser en typographie et dans la fabrication d’instruments de musique. C’est un bois de choix pour la marqueterie, le tournage et la sculpture.
- Le peuplier : parfois appelé : bois blanc, il est tendre et poreux. Il est surtout utilisé dans l’industrie du papier et de l’emballage après avoir été déroulé. Il présente parfois des loupes intéressantes.
- Le tilleul : jaunâtre, tendre et léger, il est apprécié des sculpteurs. On l’utilise pour la fabrication de crayons et de petits objets tournés. Il est également utilisé pour fabriquer des formes pour la fabrication de chapeaux, car il est peu sensible à la chaleur et l’humidité.
- Le bouleau : jadis utilisé par les sabotiers, il est aujourd’hui déroulé et utilisé en placage dans le mobilier moderne et la fabrication de contreplaqué.
- L’aulne : souvent appelé verne, blanc à la coupe, il devient orange au séchage. Son veinage rappelle celui du cerisier
- Le charme de couleur blanc gris, lourd et dense, à la structure très homogène se fend difficilement. C’est le bois idéal pour la fabrication de billots en bois de bout.
- Le buis : blanc jaunâtre, de forte densité, de grain très serré, c’est le bois idéal pour les objets de petite taille. Très apprécié des tourneurs, on le trouve le plus souvent en petites sections. Son séchage est très long, en milieu humide, ce qui ne l’empêche pas de fendre à cœur.

Les résineux
- le mélèze : jaune brun, parfois orange ou rouge, c’est le plus dur des résineux. Bois robuste et durable, il ne nécessite aucun traitement. Utilisée de la charpente au plancher en passant par les meubles, il est aussi la source de la térébenthine de Venise, élément important dans la fabrication des vernis.
- Le sapin : comme son nom botanique l’indique, abies alba, c’est un bois très clair largement utilisé dans tous les domaines.
- Le pin : il présente de multiples variétés aux qualités variables suivant l’espèce est le lieu d’origine. Du poteau télégraphique à la pâte à papier, ses utilisations sont multiples. On n’en extrait la résine qui, distillée, donne l’essence de térébenthine et la colophane.
- L’épicéa : blanc avec des veines dures brun orangées. Utilisé aussi bien en charpente qu’en mobilier, c’est aussi le bois de prédilection des luthiers. Pour faire une table d’harmonie de violon ou de piano, les arbres sont sélectionnés sur pied par des spécialistes, débités sur quartier et séchés à l’air pendant 10 ans au minimum
Les bois exotiques
Leur quantité n’a d’égale que leur diversité.
Surexploités pendant plusieurs années, leur exploitation est de plus en plus surveillée. Certaines espèces comme l’acajou de Cuba ont pratiquement disparu. Leur intérêt est la grande diversité de teintes, de structures ; leur taille est souvent gigantesque. Très souvent chargés en silice, ils sont abrasifs tant pour les outils que pour les voies respiratoires de l’utilisateur.
Ils sont actuellement employés essentiellement en placage et pour des objets traditionnels.
Reconnaître le bois
Reconnaître un arbre au premier coup d’œil est une affaire de spécialistes, et encore, faut-il qu’ils soient spécialisés dans les essences régionales tant la diversité est grande.
Heureusement, on peut compter sur l’aide d’ouvrages de références, parmi lesquels le Livre des Arbres, Arbustes & Arbrisseaux de Pierre Leuthaghi aux éditions Actes Sud ou l’incontournable Flore forestière française (3 tomes) de Jean-Claude Rameau ⴕ, Dominique Mansion, Gérard Dumé, Christian Gauberville, disponible auprès du CNPF
Partir du matériau bois pour retrouver l’arbre est une tout autre démarche. Le plus efficace est certainement d’identifier les critères distinctifs à l’aide d’une observation minutieuse (un grossissement x10 est souvent suffisant) et d’avoir également une notion du sens de la coupe.
Pour mieux comprendre l’anatomie du bois et les caractéristiques fondamentales permettant de l’identifier, il existe une formation en ligne (gratuite) dispensé par Marie Christine Trouy de l’université de Lorraine : Anatomie du Bois
À partir de ce point, une base mondiale permet de faire une recherche, il s’agit de l’IAWA (Inside Wood DataBase), malheureusement seulement en anglais.